Anne de Montmorency
Une visite au Musée National de la Renaissance
Né dans une famille sans grand pouvoir politique, mais ancienne et renommée, il est envoyé à Amboise à l’âge de dix ans où il reçoit une éducation princière avec François d’Angoulême, futur François Ier.
• En 1527, il épouse Madeleine de Savoie, nièce de la mère du roi Louise de Savoie: cinq fils et six filles naîtront de cette union.
• À partir de 1515, Anne de Montmorency est au service du roi François Ier et ne cesse de s’élever dans la hiérarchie du pouvoir, jusqu’à obtenir la dignité de connétable.
Malgré cela il tombe en disgrâce à la fin du règne, en 1541, et s’éloigne de la cour quelques années.
Mais dès son accession au pouvoir en 1547, Henri II le rappelle et le rétablit dans toutes ses fonctions. Jusqu’à l’année de la mort du roi en 1559, où il passe par une nouvelle période d’éloignement, il sert fidèlement la couronne et bénéficie de toute la confiance du souverain.
• Ses relations avec Catherine de Médicis, régente avant la majorité de Charles IX, sont plus tendues mais il reste un personnage incontournable dans la politique du royaume.
• Il est blessé le 9 novembre 1567, à la bataille de Saint-Denis et meurt trois jours plus tard à Paris, dans son hôtel de la rue Sainte-Avoye.
• Son corps repose à la collégiale de Montmorency, son cœur avec celui d’Henri II dans la chapelle des Orléans de l’église des Célestins à Paris.
Pour en savoir plus …
Une source documentaire extraite de l’exposition pédagogique du musée national de la Renaissance au château d’Écouen.
Sous la direction d’Amélie Godo et la collaboration de Géraldine Amat.
Carrière politique et militaire
La même année, il est nommé gentilhomme de la chambre du roi (il a en charge le contrôle des dépenses de la chambre, l’ornement des demeures royales et celui des églises lors des funérailles des membres de la famille royale) et cinq ans plus tard premier gentilhomme de la chambre du roi.
• En 1522, il devient maréchal de France et gouverneur du Languedoc : c’est donc lui qui représente le roi dans cette province, l’une des plus importantes du royaume.
• En 1526, il est nommé Grand Maître de France : c’est lui qui organise la vie personnelle, sociale et politique du roi.
• Le 10 février 1538, il devient Connétable de France. Dans une lettre de 1538, François Ier précise les charges qui sont attachées à ce titre : le Connétable est lieutenant général et représentant du roi ; il s’occupe de la police des gens de guerre ; il est administrateur des finances de la guerre et nomme les commissaires des montres et des revues (c’est- à-dire des exercices militaires et des inspections) ; les maréchaux, amiraux, lieutenants généraux, capitaines, chefs des gens de guerre, maîtres d’artillerie, gouverneurs des villes et des châteaux lui doivent obéissance.
Parmi ses charges militaires, on peut ajouter le commandement d’une compagnie d’ordonnance, c’est-à-dire un régiment, et celui de différentes places fortes (Saint-Malo, Nantes…).
• En 1551, sa baronnie est érigée en duché-pairie : c’est un grand honneur, rarement accordé, qui le place au rang de la plus haute aristocratie.
Anne de Montmorency ne manque pas de faire évoluer son blason au fur et à mesure que ces distinctions lui sont accordées : le tortil de baron qui surmontait son écu devient une couronne ducale, l’épée de connétable apparaît en un ou deux exemplaires, soit au centre, soit de part et d’autre de l’écu.
• Anne de Montmorency connaît deux périodes de disgrâce : en 1541, suite à l’échec de sa politique de conciliation avec Charles Quint, et en 1559 après la mort d’Henri II, du fait de la domination de ses rivaux, les Guise.
Homme de guerre et homme d’État
• Pendant la première moitié du XVIe siècle, les rois de France François Ier et Henri II ont tous deux des prétentions sur
le Milanais, justifiées par des liens familiaux ou d’alliance.
• En 1515 a lieu la célèbre bataille de Marignan, grâce à laquelle François Ier acquiert pour un temps le Milanais.
• Charles Quint est l’homme fort de la période. Il devient empereur du Saint Empire romain germanique en 1519 (François Ier s’était aussi présenté à l’élection). Ses possessions territoriales sont immenses (Espagne, Autriche, Provinces- Unies, Artois, Franche-Comté, Roussillon, Naples et grands territoires en Amérique) ainsi que sa puissance militaire : la France est constamment menacée.
• Fin 1521, Anne de Montmorency part en Italie défendre le Milanais face à l’avancée des troupes de Charles Quint, mais le 29 avril 1522, c’est la défaite de La Bicoque et les territoires français en Italie sont perdus.
À l’issu de la bataille de Pavie en 1525, il est emprisonné avec le roi François Ier dans le château de l’Alcázar à Madrid. Anne de Montmorency est libéré en échange d’une rançon payée par le roi et est chargé de négocier le traité de Madrid qui permet le retour du roi en France et met fin pour un temps aux guerres d’Italie.
• François Ier est libéré en échange de ses deux fils François et Henri. Ils y restent de 1527 à 1530, date à laquelle le roi paye sa rançon. De nouveau, Anne de Montmorency dirige leur libération.
• Anne de Montmorency gère désormais une grande partie des affaires du royaume et met en place une importante organisation administrative, dont témoigne sa formidable correspondance.
Au sein du Conseil du Roi, il recommande le maintien de la paix avec Charles Quint comme garant de la prospérité du royaume.
• En 1536, Anne de Montmorency conduit la défense de la Provence par la politique de la terre brulée et parvient à repousser les troupes de Charles Quint. Il intervient également dans les négociations avec Soliman le Magnifique.
• En 1539, il conseille au souverain de permettre à Charles Quint de traverser la France dans l’espoir d’obtenir la restitution du Milanais, mais c’est un échec, qui aboutira à sa première disgrâce en 1541.
Vie de cour et grand seigneur de la Renaissance
• La nomination d’Anne de Montmorency au poste de Grand Maître de France en 1526, sous François Ier, lui donne un rôle capital.
Il lui revient d’organiser une vie de cour harmonieuse.
Il est chargé de planifier l’emploi du temps du roi, il supervise la nomination des officiers de la maison royale et en profite pour placer des parents et des alliés à des postes stratégiques dont le nombre et la loyauté sont une garantie de puissance.
• La puissance du connétable vient aussi des nombreuses alliances qu’il entretient avec les grandes familles aristocratiques du royaume (ses sœurs et ses enfants font de riches mariages), et de ses réseaux locaux, vastes et efficaces.
Sous Henri II, il voit évoluer son influence du fait de Catherine de Médicis (épouse du roi) et de Diane de Poitiers (la favorite), mais aussi des familles des Guise-Lorraine.
Une concurrence durable apparaît. L’enjeu est d’accéder au roi : par lui, l’homme de cour obtient des offices, des charges, des honneurs.
• La mort subite d’Henri II le contraint à céder les rênes du gouvernement aux Guise, oncle de la jeune reine Marie Stuart.
• La disparition de François II en 1561 et la jeunesse de son frère Charles IX lui rendent un rôle politique alors que commencent les guerres de Religion.
• À la Renaissance les grands seigneurs sont encore nomades. Anne de Montmorency partage donc son temps entre ses obligations à la cour et ses domaines.
• Il est à la tête d’un immense patrimoine foncier : pour une grande partie hérité de son père qu’il a su agrandir tout au long de sa vie grâce à un bon mariage avec Madeleine de Savoie (le roi lui offre le château de Fère-en Tardenois), à une politique d’achat mais aussi à de nombreux dons.
• À sa mort il possède près de 600 fiefs et 130 châteaux. En plus de ses revenus fonciers, durant le règne d’Henri II l’ensemble de ses charges lui rapporte 55800 livres tournois par an (par comparaison, un compagnon maçon en gagne moins de 100 par an).
Grand amateur de chasse, on trouve plus de 200 hectares de forêt dans ses possessions.
Au siècle de l’humanisme, un noble de la Renaissance se doit d’être érudit : le connétable possède donc dans ses châteaux plusieurs bibliothèques (à Écouen, à Chantilly, dans son Hôtel rue de la Sainte Avoye), il connaît les écrits et les œuvres antiques. C’est un grand collectionneur.
Défenseur de la foi catholique
Pendant de nombreuses années, Anne de Montmorency parvient à assurer le compromis avec les Réformés, principalement pour des raisons d’intérêt politique ou familial. Il va jusqu’à protéger des artistes protestants, comme Bernard Palissy, pour les garder à son service.
Mais à partir des années 1560, le calvinisme se diffuse largement dans toutes les régions françaises ; la doctrine devient plus claire et raisonnée. Le pays et les familles sont divisés : certains membres de l’aristocratie, comme le prince de Condé ou les frères Coligny, neveux du connétable, affichent au grand jour leur foi protestante et créent des tensions au sein même de la cour.
• En 1559, l’Édit d’Écouen durcit la répression contre les Réformés.
• Le 6 avril 1561, le Connétable s’engage dans la défense du catholicisme en formant avec le duc de Guise et le maréchal de Saint André un « Triumvirat », afin de lutter contre la Réforme (une allusion à l’histoire romaine, et plus précisément au second triumvirat du Ier siècle avant Jésus- Christ par Antoine, Octave et Lépide).
Cette association se fixe pour objectif de rétablir l’uniformité de confession dans le pays ; il s’agit de maintenir en place l’ordre établi et de garder de bonnes relations avec la papauté.
• L’apogée des tensions est atteint en 1562, les protestants se révoltent après le massacre de Wassy et la guerre civile éclate.
Anne de Montmorency conduit les troupes royales pour reprendre les places fortes occupées par les Réformés.
Lors de la bataille de Dreux en 1562, il est blessé et fait prisonnier, puis libéré suite au versement d’une rançon.
À la tête de l’armée royale qui affronte celle des Huguenots lors de la bataille de Saint-Denis en 1567, il est blessé et meurt deux jours plus tard, dans son hôtel de la rue Sainte-Avoye à Paris.
Mécénat : quels choix, quels enjeux ?
Il mène une politique active de rénovation, construction ou reconstruction de ses châteaux et des églises qui en dépendent.
• Son héraldique est présente partout, jusque dans les édifices religieux (la voûte de la chapelle d’Écouen présente les armoiries complètes du connétable).
• Anne de Montmorency s’attache à perfectionner la décoration intérieure de ses châteaux : tout doit contribuer à créer un espace moderne, esthétique et confortable, des vitraux aux pavements, des lambris aux meubles précieux et jusqu’aux plus petits éléments de ferronnerie.
Le contexte de l’humanisme incite Anne de Montmorency à développer son mécénat.
• À la Renaissance, le grand seigneur ne doit pas seulement se présenter comme un chef de guerre mais aussi comme un érudit ; il faut montrer que l’on est attentif à la fois aux chef-d’oeuvres anciens et aux découvertes nouvelles.
Le connétable affiche donc son goût pour les arts et pour les livres à travers de nombreuses et fastueuses commandes.
Par son mécénat, Anne de Montmorency trouve l’occasion d’affirmer sa foi catholique : sur ses terres, il multiplie la construction et la rénovation d’églises, et fait de nombreux dons de vitraux.
Il commande à des artistes italiens des œuvres notamment la Piéta de Rosso dans laquelle le Christ repose sur un coussin à ses armes (alérions).
• Enfin, le connétable exprime dans ses commandes son goût personnel. Il se rend fréquemment acquéreur d’œuvres célèbres ou rares, dont il apprécie le prestige autant que les qualités esthétiques.
Il est probable que ses relations diplomatiques en Europe aient facilité ses acquisitions, l’obtention de Rome de moulages d’antiques ou la sollicitation d’artistes étrangers. Il offre et reçoit de nombreux cadeaux diplomatiques.
• Il restitue au pape les tapisseries des Actes des Apôtres, pillées lors du sac de Rome en 1527. Plusieurs cheminées de marbre lui sont envoyées par le cardinal Farnèse dans les années 1550 et sont aujourd’hui toujours en place au château d’Écouen.
Bibliothèques et humanisme
• L’invention de l’imprimerie permet une diffusion rapide et étendue de ces connaissances.
• Malgré l’essor des livres imprimés, le manuscrit enluminé conserve une valeur plus importante : Anne de Montmorency commande un livre d’heures orné de quatorze peintures en pleine page. Les reliures sont faites de matériaux précieux et comportent les armes du connétable.
• De nombreux manuscrits sont dédiés et offerts au connétable : en 1538, Jean de Maynier lui offre sa traduction des Six Triomphes de Pétrarque, auteur apprécié entre tous par les humanistes.
Certaines éditions sont publiées sous son patronage, et en tant que grand dignitaire il possède également les éditions publiées à partir des manuscrits de la Bibliothèque Royale.
La grande majorité de ses livres sont en français, et il encourage les traductions. Les auteurs lui envoient volontiers des ouvrages parce qu’ils savent la place importante du connétable à la cour ; ils espèrent ainsi atteindre le roi.
• On trouve dans les bibliothèques du connétable différents types d’écrit : certains sont des documents de travail, (des recueils d’actes administratifs relatifs aux questions militaires).
On sait que le connétable avait un poète officiel, Jean de Luxembourg, qui lui permet de s’affirmer comme protecteur des lettres. Mais la majorité de ses livres concerne l’histoire et la vie politique du royaume.
• Il possède aussi des livres sur l’histoire antique : les techniques militaires et l’art oratoire (il possède une traduction des Discours de Cicéron par Étienne Leblanc).
Le faste donné à la pièce et aux ouvrages (riches boiseries de la bibliothèque du château d’Écouen, reliures précieuses avec les armes du duc…) désigne la bibliothèque comme un lieu de prestige.
Avec l’architecture et les ornements, les livres font partie d’un système visant à célébrer la personne du connétable.
Des références italiennes aux nouveautés françaises
• François Ier va en Italie en 1515 alors que le pays est en pleine Renaissance ; il voit la Cène et invite en France Léonard de Vinci qui est nommé premier peintre, ingénieur et architecte du roi. Suivront Rosso, Primatice, Cellini… Grâce à eux, il développe l’extraordinaire foyer artistique qu’est Fontainebleau, à partir de 1528 : les œuvres de la Galerie François Ier posent les bases de la première École de Fontainebleau.
Paris redevient sous son règne un foyer de création artistique, puisqu’il déplace la cour du Val de Loire vers la région parisienne.
• On trouve à Écouen des références aux grands maîtres italiens : la statue du connétable sans doute par Jean Goujon le figurait sur un cheval cabré, en référence au projet de statue pour les Sforza de Léonard de Vinci.
• Les vitraux de la galerie de Psyché s’inspirent de compositions de l’entourage de Raphaël; vers 1552 arrivent les Esclaves de Michel-Ange, un don d’Henri II.
• Anne de Montmorency emploie des artistes italiens : Rosso réalise une Pieta pour la chapelle d’Écouen, Niccolo dell’Abate des fresques pour son hôtel de la rue Saint Avoye.
• Il reçoit en 1535 du grand maître Guido Durantino à Urbino un service de majolique sur le thème des Métamorphoses d’Ovide.
Céramique et émaux
• En 1542 il fait réaliser plusieurs pavements au château d’Écouen par un artiste rouennais, Masséot Abaquesne, dont un pour la galerie de Psyché, avec ses armes et son emblématique ainsi que ceux de sa femme. Il est aujourd’hui présenté dans la grande salle du roi.
• Il commande une grotte à Bernard Palissy vers 1553, céramiste audacieux qui réalise de grands plats dit « rustiques » sur lesquels on trouve la représentation moulée de plantes, d’insectes et de batraciens.
Cette grotte n’a probablement jamais été terminée (aucune trace de sa localisation n’existe aujourd’hui, même si des fragments d’œuvres réalisés pour cet ouvrage sont actuellement présentés au musée d’Écouen). Palissy est employé ensuite par Catherine de Médicis pour réaliser une grotte au château des Tuileries, malheureusement disparue.
• Entre les années 1540 et 1560, le village de Saint-Porchaire (Deux-Sèvres) produit un type de faïence très particulier, blanc à motifs bruns, dont la réalisation demande une parfaite maîtrise technique.
Les formes des pièces s’inspirent des décors de l’École de Fontainebleau. Cette céramique a rapidement connu un vif succès parmi les grands seigneurs et Anne de Montmorency en a commandé plusieurs pièces. Très peu d’exemplaires de cette production sont connus
à ce jour (pas plus d’une soixantaine).
• C’est lui encore qui attache à son service le grand émailleur Léonard Limosin, qui exécute pour lui, comme pour le roi, des émaux dont la qualité rivalise avec celle de la peinture.
Il fait également réaliser à Limoges, par Pierre Reymond, le retable de la chapelle d’Écouen qui a exceptionnellement conservé son cadre armorié.
Ses collections abritaient enfin un grand émail représentant Laocoon et ses fils, peut-être la grande plaque de Pierre Courteys maintenant présentée au musée de Limoges.
Nouveautés architecturales : les châteaux du connétable
• Jean Bullant marie et adapte les nouveautés italiennes inspirées de l’antique au style architectural français (toits hauts et pentus, lucarnes etc). C’est donc l’un des artistes qui contribue à former un courant renaissant spécifiquement français.
Château de Chantilly : Anne de Montmorency en hérite de son père. Il fait modifier le château ancien (de type château-fort) par Pierre Chambiges entre 1527 et 1532.
• Vers 1560, Jean Bullant est chargé de réaliser la Capitainerie ou Petit-Château (aujourd’hui la partie la plus ancienne du château). Le connétable fait aussi construire une terrasse et sept chapelles (trois sont encore visibles aujourd’hui). François Ier et Henri II y séjournent à plusieurs reprises.
Saint-Martin de Montmorency (Val d’Oise) : Le château a aujourd’hui disparu. Est toujours visible la Collégiale Saint-Martin de Montmorency : Guillaume de Montmorency la conçoit pour être la nécropole de la famille et, en 1563, Anne de Montmorency la fait achever par Jean Bullant dans le style du reste du bâtiment (gothique flamboyant).
Château de Fère en Tardenois (Aisne) : en 1528, la mère de François Ier, Louise de Savoie, en fait cadeau à Anne de Montmorency pour son mariage.
Jean Bullant y construit un exceptionnel pont couvert d’une galerie en 1554, toujours visible aujourd’hui.
Hôtel de Montmorency, rue Saint Avoye (Paris, actuelle rue du Temple) : il est construit pour Anne de Montmorency par Jean Bullant vers le milieu du XVIe siècle. Il était dans le goût Renaissance : galerie décorée de fresques (Niccolo dell’Abate), appartement des bains…
Il possède bien d’autres domaines encore : citons les châteaux de La Rochepot (Côte-d’Or) et de Châteaubriant (Loire-Atlantique) où Anne de Montmorency poursuit les travaux dans le goût Renaissance engagés par ses prédécesseurs.
Écouen
• Le château est conçu pour accueillir le souverain avec une aile pour les appartements du connétable et une aile pour les appartements du roi. Il est bâti et aménagé de façon très moderne : non seulement les tours d’angle médiévales deviennent d’élégants pavillons, mais le château comporte aussi une galerie entre les deux ailes principales, un appartement des bains, un jeu de paume aménagé en contre-bas de la terrasse…
• L’élévation du château marque par sa sobriété l’évolution de l’architecture vers un classicisme plus affirmé, en réservant comme à Chambord l’essentiel des ornements aux parties hautes.
Ces évolutions surviennent au moment où l’héritage des architectes antiques est remis en avant, avec notamment la traduction du traité de Vitruve : des éléments classiques sont intégrés dans la cour par Bullant.
• Sur l’aile d’entrée, conçue comme une composition triomphale, se trouvait la statue équestre d’Anne de Montmorency par Jean Goujon : le connétable était représenté en costume romain sur un cheval cabré, une véritable prouesse technique.
• Le connétable est donc capable de s’adapter au goût du moment, preuve supplémentaire de l’attention constante qu’il porte aux nouveautés de son époque et aux évolutions artistiques de la Renaissance.
La décoration intérieure du château d’Écouen est particulièrement soignée par le connétable, afin de pouvoir recevoir le roi avec tous les honneurs qui lui sont dus.
Qu’est-ce qu’un connétable ?
Histoire : Sous les Mérovingiens puis les Carolingiens, le connétable est un fonctionnaire de la Couronne mais son pouvoir est limité ; cependant son rôle de responsable des écuries l’oriente déjà vers le domaine militaire, les chevaux étant indispensables aux nombreuses campagnes menées par les rois de France.
• Après 1191, le connétable est « chef souverain des armées du roi ». Il est désigné à vie.
• Sous les Capétiens, le connétable juge les délits militaires et peut être nommé gouverneur de provinces, c’est-à-dire y représenter le roi.
• À partir de 1219, le connétable est commandant général des armées.
• En 1523 le connétable Charles III de Bourbon trahit la cause royale avant de devenir lieutenant général de Charles Quint : c’est un grand choc pour la Couronne, qui veillera ensuite à choisir ses connétables avec grand soin.
• Richelieu fait supprimer la connétablie en 1627.
Fonction : C’est le chef des armées : il gère l’organisation des troupes, leur paiement et leur ravitaillement. Il a également en charge la discipline au sein de l’armée, et peut exercer si besoin un rôle judiciaire.
• Il participe enfin au Conseil des Affaires, et a donc une influence politique non négligeable.
• Sa dignité de connétable donne à Anne de Montmorency, qui exerce les fonctions d’un premier ministre, la première place à la cour après les princes du sang.
• Le connétable a la garde de l’épée du roi, grand honneur et symbole de son rôle militaire au service de la Couronne. Lors des cérémonies, il marche devant le roi en portant l’épée dégainée, pointe en l’air.
Quelques grandes dates de la vie de Anne de Montmorency …
1493
1503
1515
1516
Portrait Anne de Montmorency
1520
1522
Compagnon d’enfance de François Ier qui le fait maréchal de France en 1522
1525
Bataille de Pavie (tableau du musée de Stockolm)
1526
Portrait Anne de Montmorency
1527
François 1er lui fait épouser sa cousine germaine Madeleine de Savoie
1531
Guillaume de Montmorency (1453-1531)
Tableau au musée de la Renaissance - Ecouen
1536
1541
Portrait anne de Montmorency - François Clouet
1542
1547
Portrait Henri II
1551
1555
1561
Masacre de Wassy en 1562 - Tableau de Holgenberg
1567
Monument de la pierre tombale d'Anne de Montmorency.
(Louvres)